marcher sans l’intervention de personnes qui leur sont dévouées et qui sont solidairement unies en leur nom, j’ai toujours attaché un grand prix aux personnes tant qu’elles restaient fidèles aux principes, et, par instinct aussi bien que par conviction réfléchie, j’ai toujours pratiqué ce précepte si naturel et si simple, d’être l’ami des amis et l’ennemi des ennemis de mes alliés et amis, auxquels je reste fidèle jusqu’à la mort, ou jusqu’à ce qu’ils aient trahi eux-mêmes le pacte de solidarité. Il est vrai que Perron fait une exception à sa règle d’indifférence absolue pour les questions de personnes. Il reste calme quand on attaque ses amis, mais il devient furieux lorsqu’on l’attaque lui-même. Par exemple, Jouk c’est autre chose : il pardonne les injures même personnelles. Ne l’ai-je pas vu rester l’admirateur passionné de Mme Levachof, la nymphe Égérie de Numa-Outine ? — pourtant |110 elle ne lui a épargné ni les injures, ni les mépris.
En un mot, ni Robin ni Perron ne firent rien pour me défendre contre les calomnies d’Outine. Mieux que cela : sachant qu’il me calomniait, moi qui étais encore censé être leur allié, leur ami, ils le prirent en tiers dans leur journal et dans leur pro- pagande ; Robin, en quittant Genève, lui avait remis tous les papiers concernant cette dernière.
Outine leur resta fidèle pendant quelque temps. Ils représentaient tous les deux la révolution contre la réaction, et lui, qui s’était toujours donné, crié, comme un révolutionnaire à outrance, ne pouvait