Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/328

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Ce fut là un fait grave et un scandale affligeant : des ouvriers italiens qui reniaient la fraternité internationale de leurs compagnons de misère, d’esclavage et de souffrance dans le monde entier, et qui calomniaient les nobles lutteurs, les martyrs de la Commune de Paris qui avaient fait leur révolution pour l’émancipation de tous ; et cela au moment même où les bourreaux de Versailles les mitraillaient et les fusillaient par centaines, les emprisonnaient, les insultaient et les torturaient par milliers, sans épargner les femmes et les enfants. Si ces adresses avaient été la fidèle expression des sentiments du prolétariat italien, c’eût été une infamie dont le prolétariat italien n’aurait jamais pu se laver, et qui aurait fait désespérer de l’avenir de ce pays. Heureusement il n’en était rien, car tout le monde sait de quelle façon ces adresses furent fabriquées.

Ce ne fut que la répétition d’un fait arrivé en Russie en 1863 au temps de la dernière insurrection polonaise. Les journaux dits patriotes de Saint-Pétersbourg et de Moscou maudissaient le soulèvement polonais, comme les journaux mazziniens ont maudit le soulèvement de la Commune de Paris. Ils dénonçaient l’alliance de tous les révolutionnaires d’Europe qui soutenaient la Pologne, comme les journaux mazziniens dénoncent aujourd’hui l’Internationale qui a soutenu la Commune de Paris, et qui, même lorsque celle-ci fut assassinée par les théologiens de Versailles, a eu le courage