Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/361

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produire une formidable révolution. Faute d’organisation et de chefs, il n’a abouti à rien.

Mais un an plus tard, la jeunesse italienne, inspirée et dirigée par Mazzini, a pris sa revanche. Par le nombre des hommes engagés et par les sommes dépensées, ce fut peut-être une des plus formidables conspirations que Mazzini ait préparées. Eh bien, elle a misérablement échoué. Sur divers points du pays se sont levées des bandes de centaines de jeunes audacieux, et ces bandes se sont dissoutes non devant les troupes royales, mais devant l’indifférence profonde du peuple des campagnes et des villes. Cette issue fatale, mais naturelle, aurait dû ouvrir les yeux, non de Mazzini, qui ne les ouvrira jamais, mais de la jeunesse italienne qui, étant jeune, peut les ouvrir encore.

Ce n’est pas toutefois sur ce terrain de la pratique qu’elle a commencé à se séparer de Mazzini, mais sur celui de la théorie, grâce au développement de la libre-pensée. Je ne vous dirai pas ce que vous savez bien, à savoir comment sur tous les points de l’Italie se sont formés spontanément des groupes de libre-penseurs bourgeois. Mais, chose étrange en vérité, bien qu’ils se fussent émancipés intellectuellement du joug du Maître et du Prophète, la majeure partie d’entre eux continua et continue encore à subir le joug politique de Mazzini.

« Qu’il nous laisse notre libre-pensée, disent-ils encore aujourd’hui, et nous ne demandons pas mieux que de nous laisser diriger par son génie patrio-