Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/380

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classe en est arrivée là, c’est une preuve évidente que cette classe est déjà morte, et il ne reste plus qu’à l’enterrer. Les plus vivants, dans cette classe, se sentent déconcertés et perdus, le terrain leur manque sous les pieds ; et pourtant ils ne savent pas se décider à abandonner cette société qui croule de toutes parts, mais se sentent entraînés avec elle vers l’abîme. Maintenant, mes amis, il n’y a — pour votre intelligence, pour votre conscience, pour votre dignité, pour votre virilité et pour l’utilité de votre existence — d’autre salut que de tourner résolument le dos à cette classe bourgeoise à laquelle vous appartenez par la naissance, mais que votre intelligence et votre conscience condamnent à mort, et de vous jeter tête baissée dans le peuple, dans la révolution populaire et sociale, dans laquelle vous trouverez la vie, la force, le terrain et le but qui aujourd’hui vous manquent. Ainsi vous serez des hommes ; autrement, avec vos bourgeois radicaux, avec Mazzini et les mazziniens, vous deviendrez bien vite des momies comme eux. Désormais la force, la vie, l’intelligence, l’humanité, tout l’avenir est dans le prolétariat. Donnez-lui toute votre pensée, et il vous donnera sa vie et sa force, et, unis, vous ferez la révolution qui sauvera l’Italie et le monde.

Mais voilà qu’appuyé sur ses béquilles théologiques, et suivi de pauvres malades de l’esprit et du cœur, — les Saffi, les Petroni, les Brusco, les Campanella, les Mosto, etc., — le vieux Mazzini s’approche de ce jeune géant, le seul fort et vivant de ce