Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/381

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siècle, le prolétariat, et lui dit : « Je t’apporte la force et la vie. La vie me vient du Bon Dieu ; la force ? la bourgeoisie voudra bien me la prêter. Je t’en apporte le concours, à condition que tu sois sage, et que, te contentant de mes petits palliatifs pour adoucir tes souffrances, tu consentes comme par le passé à servir cette pauvre et décrépite bourgeoisie qui ne demande qu’à t’aimer, à te protéger, et — en même temps — à te dépouiller un peu ! »

Le ridicule le dispute à l’odieux.

Donc : « si vous convertissez la loi morale en rébellion, en menace d’intérêts contre d’autres intérêts, vous ne pourrez plus compter que sur vos seules forces ».

Eh bien, cela n’est pas vrai. Mazzini oublie l’Internationale, qu’il avait cru enterrer, mais qui pour cela n’est pas morte le moins du monde. L’Internationale, c’est-à-dire la puissance organisée du prolétariat d’Europe et d’Amérique, c’est quelque chose de plus consolant et de plus rassurant, et évidemment de plus moral aussi, que l’alliance du prolétariat italien avec la bourgeoisie italienne, et par l’intermédiaire de celle-ci avec la bourgeoisie d’Europe et d’Amérique, avec la réaction contre la révolution et contre le prolétariat du monde entier.

« Êtes-vous bien sûrs qu’elles suffisent, vos forces ? » demande Mazzini. Certainement, elles suffisent ! le prolétariat en a plus qu’il n’en faut pour faire crouler le monde bourgeois avec toutes ses Églises et tous ses États. Mais le Prophète s’écrie : « Et quand même elles seraient suffisantes, est-ce