Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/413

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leurs armes, les relèvera et leur dira : « Et maintenant, chers compagnons, que vous êtes devenus nos égaux, mettez-vous bravement à travailler avec nous. Dans le travail, comme en toute chose, le premier pas est difficile, et nous vous aiderons fraternellement à le franchir. » Ceux, alors, qui, robustes et valides, ne voudront pas gagner leur vie par le travail, auront le droit de mourir de faim, à moins de se résigner à subsister humblement et misérablement de la charité publique, qui ne leur refusera certainement pas le strict nécessaire.

Quant à leurs enfants, il ne faut nullement douter qu’ils deviendront de vaillants travailleurs et des hommes égaux et libres. Dans la société, il y aura certainement moins de luxe, mais incontestablement beaucoup plus de richesse ; et, de plus, il y aura un luxe aujourd’hui ignoré de tous, le luxe de l’humanité, la félicité du plein développement et de la pleine liberté de chacun dans l’égalité de tous.

Tel est notre idéal.

Donc, toutes les classes que j’ai énumérées doivent disparaître dans la révolution sociale, excepté les deux masses, le prolétariat des villes et celui des campagnes, devenus propriétaires, probablement collectifs, — sous des formes et des conditions diverses, qui seront déterminées dans chaque localité, dans chaque région et dans chaque commune par le degré de civilisation et par la volonté des populations, — l’un des capitaux et des instruments de travail, l’autre de la terre qu’il cultive de ses bras ;