Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/429

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miner de quelle opinion publique il s’agit. Si vous voulez parler de l’opinion publique bourgeoise, oh ! alors je serai le premier à vous dire : « Renoncez à une illusion si ridicule ; laissez-la à Mazzini, et qu’il s’amuse à convertir la bourgeoisie ». Car ce que vous dites est bien vrai, qu’elle ne pourra être progressivement convertie que par le fait de l’organisation progressive, et de plus en plus menaçante, de la puissance du prolétariat, et qu’elle ne pourra l’être définitivement que par la révolution sociale, qui, pour la guérir tout-à-fait, lui fera prendre des bains d’égalité économique et sociale.

Mais vous avez un autre public, immense, qui est le prolétariat, qui est votre peuple. Celui-là a tous les instincts de vos idées, et par conséquent il vous comprendra et vous suivra nécessairement. Mais le peuple, direz-vous, ne lit pas : pour qui donc écririons-nous ? Je vous dirai une autre fois pour qui ; en ce moment, je vous dirai seulement que si le peuple ne lit pas, il faut aller le trouver pour lui lire vos articles. Et puis, dans toutes les villes il y a dans le peuple des hommes qui savent lire, et qui pourront les comprendre et les expliquer à leurs compagnons illettrés. Mais vous n’écrirez pas vos articles pour le peuple seulement.

Dans la bourgeoisie même, vous trouverez des lecteurs sympathiques, hommes et femmes : car tous ne sont pas également corrompus et stérilisés, mais tous sont entravés et paralysés par les conditions de la société dans laquelle ils vivent. Au