Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/47

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atteindre leurs buts exclusivement politiques, mais jamais ils ne voudront ni ne pourront servir à ce dernier d’instruments pour la conquête de ses droits économiques et sociaux.

Nous sommes également convaincus, n’est-ce pas ? qu’il y aurait une double duperie de la part du prolétariat à s’allier au radicalisme bourgeois. D’abord parce que ce dernier tend à des buts qui n’ont rien de commun avec le but du prolétariat et qui lui sont même diamétralement opposés. Et ensuite parce que le radicalisme bourgeois ne constitue plus même une puissance. Il est évidemment épuisé, et son épuisement total se manifeste d’une manière par trop flagrante dans tous les pays de l’Europe aujourd’hui pour qu’il soit possible de s’y tromper. Il n’a plus de foi dans ses propres principes, il doute même de sa propre existence, et il a mille fois raison d’en douter, parce que réellement il n’a plus aucune raison d’être. Il ne reste plus aujourd’hui que deux êtres réels : le parti du passé et de la réaction, comprenant toutes les classes possédantes et privilégiées, et s’abritant aujourd’hui avec plus ou moins de franchise sous le drapeau de la dictature militaire ou de l’autorité de l’État ; et le parti de l’avenir et de la complète émancipation |82 humaine, celui du socialisme révolutionnaire, le parti du prolétariat.

Au milieu, il y a les platoniques, les pâles fantômes du républicanisme libéral et radical. Ce sont des ombres lamentables, errantes, qui voudraient