Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/65

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le menu peuple des sections proprement genevoises, — entraînés par l’enthousiasme commun, votèrent des résolutions contraires aux idées et aux mesures proposées par leurs chefs.

Aussi, comme nous l’avons d’ailleurs déjà fait observer, ces assemblées générales ne furent jamais favorisées par ces derniers, qui leur préférèrent toujours les assemblées des comités de toutes les sections. Assemblées gouvernementales et occultes s’il en fut, presque toujours tenues à huis-clos, celles-là sont inaccessibles au peuple de l’Internationale. Seuls les membres, plus ou moins permanents et invariables, des comités des sections ont droit d’y prendre part. Réunis en assemblée privée et fermée, ils constituent ensemble la véritable aristocratie gouvernementale de l’Association. C’est une vérité nombre de fois constatée, qu’il suffit à un homme, même le plus libéral et le plus largement populaire, de faire partie d’un gouvernement quelconque, pour qu’il change de nature ; à moins qu’il ne se retrempe très souvent dans l’élément populaire, à moins qu’il ne soit astreint à une transparence et à une |99 publicité permanentes, à moins qu’il ne soit soumis au régime salutaire, continu, du contrôle et de la critique populaire qui doit lui rappeler toujours qu’il n’est point le maître, ni même le tuteur des masses, mais seulement leur mandataire ou leur fonctionnaire élu et à tout instant révocable, il court inévitablement le risque de se gâter dans le commerce exclusif d’aristocrates