Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/101

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été créées par la faculté abstractive de l’homme. Mais à l’époque de Platon, cette connaissance était impossible. L’esprit collectif, et par conséquent aussi l’esprit individuel, même celui du plus grand génie, n’était point mûr pour cela. À peine avait-il dit avec Socrate : « Connais-toi toi-même. » Cette connaissance de soi-même n’existait qu’à l’état d’abstraction ; en fait elle était nulle. Il était impossible que l’esprit humain se doutât qu’il était, lui, le seul créateur du monde divin. Il le trouva devant lui, il le trouva comme histoire, comme sentiment, comme habitude de penser, et il en fit nécesairement l’objet de ses plus hautes spéculations. C’est ainsi que naquit la métaphysique et que les idées divines, bases du spiritualisme, furent développées et pérfectionnées.

Il est vrai qu’après Platon, il y eut dans le développement. de l’esprit comme un mouvement inverse. Aristote, le vrai père de la science et de la philosophie positive, ne nia point le monde divin, mais il s’en occupa aussi peu que possible. Il étudia le premier, comme un analyste et un expérimentateur qu’il était, la logique, les lois de la pensée humaine, et en même temps le monde physique, non dans son essence idéale, illusoire, mais sous son aspect réel. Après lui, les Grecs d’Alexandrie fondèrent la première école des sciences positives. Ils furent athées. Mais leur athéisme resta sans influence sur leurs contemporains. La science tendit de plus en plus à s’isoler de la vie. Quant à la négation des idées divines, prononcée par les épicuriens et les sceptiques, elle n’eut aucune action sur les masses.

Une autre école, infiniment plus influente, s’était formée à Alexandrie, Ce fut l’école des néo-platoniciens,