Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/25

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soit sévèrement confirmé par l’expérience et par l’observation des choses et des faits, constitue la seule base sérieuse des connaissances humaines.

On conçoit parfaitement le développement successif du monde matériel, aussi bien que de la vie organique, animale, et de l’intelligence historiquement progressive de l’homme, individuelle ou sociale. C’est un mouvement tout à fait naturel du simple au composé, de bas en haut, ou de l’inférieur au supérieur ; un mouvement conforme à toutes nos expériences journalières, et par conséquent conforme aussi à notre logique naturelle, aux lois propres de notre esprit qui, ne se formant jamais et ne pouvant se développer qu’à l’aide de ces mêmes expériences, n’en est pour ainsi dire que la reproduction mentale, cérébrale ou le résumé réfléchi.

Bien loin de suivre la voie naturelle de bas en haut, de l’inférieur au supérieur, et du relativement simple au plus compliqué ; au lieu d’admettre sagement, rationnellement, la transition progressive et réelle du monde appelé inorganique au monde organique, végétal, animal, puis spécialement humain ; de la matière ou de l’être chimique à la matière ou à l’être vivant, et de l’être vivant à l’être pensant, les idéalistes, obsédés, aveuglés et poussés par le fantôme divin dont ils ont hérité de la théologie, prennent la voie absolument contraire. Ils vont de haut en bas, du supérieur à l’inférieur, du compliqué au simple. Ils commencent par Dieu, soit comme personne, soit comme substance ou idée divine, et le premier pas qu’ils font est une terrible dégringolade des hauteurs sublimes de l’éternel idéal dans la fange du monde matériel : de la perfection absolus dans l’imperfection absolue ; de la pensée à