Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/48

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quement, est un homme dépravé d’esprit et de cœur. Voila une loi sociale qui n admet aucune exception, et qui s’applique aussi bien à des nations tout entières qu’aux classes, aux compagnies et aux individus. C’est la loi de l’égalité, condition suprême de la liberté et de l’humanité. Le but principal de cette étude est précisément de démontrer cette vérité dans toutes les manifestations de la vie humaine.

Un corps scientifique, auquel on aurait confié le gouvernement de la société, finirait bientôt par ne plus s’occuper du tout de science, mais d’une toute autre affaire ; et cette affaire, celle de tous les pouvoirs établis, serait de s’éterniser en rendant la société confiée à ses soins toujours plus stupide et par conséquent plus nécessiteuse de son gouvernement et de sa direction.

Mais ce qui est vrai pour les académies scientifiques, l’est également pour toutes les assemblées constituantes et législatives, lors même quelles sont issues du suffrage universel. Ce dernier peut en renouveler la composition, il est vrai, ce qui n’empêche pas qu’il ne se forme en quelques années un corps de politiciens, privilégiés de fait, non de droit, et qui en se vouant exclusivement a la direction des affaires publiques d’un pays finissent par former une sorte d’aristocratie ou d’oligarchie politique. Voyez les États-Unis d’Amérique et la Suisse.

Ainsi, point de législation extérieure et point d’autorité, l’une étant d’ailleurs inséparable de l’autre, et toutes les deux tendant à l’asservissement de la société et à l’abrutissement des législateurs eux-mêmes.


S’en suit-il que je repousse toute autorité ? Loin de moi cette pensée. Lorsqu’il s’agit de bottes, j’en réfère à