Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/49

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l’autorité des cordonniers ; s’il s’agit d’une maison, d’un canal ou d’un chemin de fer, je consulte celle de l’architecte ou de l’ingénieur. Pour telle science spéciale, je m’adresse à tel ou tel savant. Mais Je ne me laisse imposer ni le cordonnier, ni l’architecte, ni le savant. Je les accepte librement et avec tout le respect que méritent leur intelligence, leur caractère, leur savoir, en réservant toutefois mon droit incontestable de critique et de contrôle. Je ne me contente pas de consulter une seule autorité spécialiste, J’en consulte plusieurs ; Je compare leurs opinions, et je choisis celle qui me paraît la plus juste. Muis je ne recoanais point d’autorité infaillibie, même dans les questions spéciales ; par conséquent, quelque respect que je puisse avoir pour l’humanité et pour la sincérité de tel ou de tel autre individu, je n’ai de foi absolu en personne. Une telle foi serait fatale à ma raison, à ma liberté et au succès même de mes entreprises ; elle me transformerait immédiatement en un esclave stupide, en un instrument de la volonté et des intérêts d’autrui.

Si je m’incline devant l’autorité des spécialistes, et si je me déclare prêt à en suivre, dans une certaine mesure et pendant tout le temps que cela me paraît nécessaire, les indications et même la direction, c’est parce que cette autorité ne mest imposée par personne, ni par les hommes, ni par Dieu. Autrement je les repousserais avec horreur, et j’enverrais au diable leurs conseils, leur direction, et leurs services, certain qu’ils me feraient payer, par la perte de ma libèrté et de ma dignité, les bribes de vérité, enveloppées de beaucoup de mensonges, qu’il pourraieat me donner.

Je m’incline devant l’autorité des hommes spéciaux,