Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/52

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aucunement notre liberté.

J’entends, par ce mot science absolue, la science vraiment universelle qui reproduirait idéalement, dans toute son extension et dans tous ses détails infinis, l’univers, le système ou la coordination de toutes les Lois naturelles, manifestées par le développement incessant des mondes. Il est évident que cette science, objet sublime de tous les efforts de l’esprit humain, ne se réalisera jamais dans sa piénitude absolue. Noyre Christ restera donc éternellement inachevé, ce qui doit rabattre beaucoup l’orgueil de ses représentants patentés parmi nous. Contre ce Dieu le fils, au nom duquel ils prétendraient nous imposer leur autorité insolente et pédantesque, nous en appellerons à Dieu le père, qui est le monde réel, la vie réelle, dont il n’est, lui, que l’expression par trop imparfaite, et dont nous sommes les représentants immédiats, nous, êtres réels, vivant, travaillant combattant, aimant, aspirant, jouissant et souffrant,

En un mot, nous repoussons toute législation, toute autorité et toute influence privilégiée, patentée, officielle et légale, même sortie du suffrage universel, convaincus qu’elle ne pourrait tourner jamais qu’au profit d’une minorité dominante et exploitante, contre les intérêts de l’immense majorité asservie.

Voilà dans quel sens nous sommes réellement des anarchistes.


Les idéalistes modernes entendent l’autorité d’une manière tout-à-fait différente. Quioique libre des superstitions traditionnelles de toutes les religions positives existantes, ils attachent néanmoins à cette idée de l’autorité un sens divin, absolu. Cette autorité n’est point