Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/58

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cupide comme un prêtre ». Il est donc constaté que les professeurs des vertus chrétiennes, consacrés par l’Église, les prêtres, dans leur immense majorité, ont fait tout le contraire de ce qu’ils ont prêché. Cette majorité même, l’universalité de ce fait, prouvent qu’il ne faut pas en attribuer la faute aux individus, mais à la position sociale, impossible et contradictoire en elle-même, dans laquelle ces individus sont placés.

Il y a dans la position du prêtre chrétien une double contradiction. D’abord celle de la doctrine d’abstinence et de renonciation aux tendances et aux besoins positifs de la nature humaine, tendances et besoins qui dans quelques cas individuels, toujours très rares, peuvent bien être continuellement refoulés, comprimés et même complètement anéantis par l’influence constante de quelque puissante passion intellectuelle et morale ; qui, en certains moments d’exaltation collective, peuvent être oubliés et négligés pour quelque temps par une grande quantité d’hommes à la fois ; mais qui sont si foncièrement inhérents à notre nature qu’ils finissent toujours par reprendre leurs droits, de sorte que, lorsqu’ils ne sont pas satisfaits d’une manière régulière et normale, ils sont toujours finalement remplacés par des satisfactions malfaisantes et monstrueuses. C’est une loi naturelle, et par conséquent fatals, irrésistible, sous l’action funeste de laquelle tombent inévitablement tous les prêtres chrétiens et spécialement ceux de l’Église Catholique romaine.

Mais il est une autre contradiction commune aux uns et aux autres. Cette contradiction est attachée au titre et à la position même du maître. Un maitre qui commande, qui opprime et qui exploite, est un personnage