Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/71

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dans le système idéaliste, il ne peut être qu’une chûte continue.

Quelque question humaine qu’on veuille considérer, on trouve toujours cette même contradiction essentielle entre les deux écoles. Ainsi, comme je l’ai déja fait observer, le matérialisme part de l’animalité pour constituer l’humanité ; l’idéalisme part de la divinité pour constituer l’esclavage, et condamner les masses à une animalité sans issus. Le matérialisme nie le libre arbitre et aboutit à la constitution de la liberté ; l’idéalisme, au nom de la dignité humaine, proclame le libre arbitre, et, sur les ruines de toute liberté, fonde l’autorité. Le matérialisme repousse le principe d’autorité, parce qu’il le considère, avec raison, comme le corollaire de l’animalité, et qu’au contraire le triomphe de l’humanité, but et sens principal de l’histoire, n’est réalisable que par la liberté. En un mot, vous trouverez toujours les idéalistes en flagrant délit de matérialisme pratique ; tandis que vous verrez les matérialistes poursuivre et réaliser les aspirations, les pensées les plus largement idéales.


L’histoire, dans le système des idéalistes, ai-je dit, ne peut être qu’une chûte continue. Ils commencent par une chûte terrible, et dont ils ne se relèvent jamais : par le salfo mortale des régions sublimes de l’idée pure, absolue, dans la matière. Et dans quelle matière ! non dans cette matière éternellement active et mobile, pleine de propriétés et de forces, de vie et d’intelligence, telle qu’elle se présente à nous dans le monde réel ; mais dans la matière abstraite, appauvrie et réduite à la misère absolue, telle que la conçoivent les théologiens et les métaphysiciens, qui lui ont tout dérobé pour