Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/74

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fonctionnement de l’organisme tout-à-fait matériel de l’homme, et la grandeur ou la petiiesse de l’esprit dépendent de la plus ou moins grande perfection matérielle de l’organisme humain. Mais ces mêmes attributs de limitation et de grandeur relatives ne peuvent pas être attribués à l’esprit, tel que le comprennent les idéalistes, à l’esprit absolument immatériel, à l’esprit existant en dehors de toute matière. Là il ne peut y avoir ni plus grand, ni plus petit, ni aucune limite entre les esprits, car il n’y a qu’un Esprit : Dieu. Si on ajoute que les parcelles infiniment petites et limitées qui constituent les âmes humaines sont en même temps immortelles, on mettra le comble à la contradiction. Mais c’est une question de foi. Passons outre.

Voilà donc la Divinité déchirée et logée, par infiniment petites parties, dans une immense quantité d’êtres de tout sexe, de tout äge, de toutes races et de toutes couleurs. C’est là uue situation excessivement incommode et malheureuse, car les parcelles divines se reconnaissent si peu au début de leur existence humaine qu’elles commencent par s’entre-dévorer. Pourtant au milieu de cet état de barbarie et de brutalité tout-à-fait animale, ces parcelles divines, les âmes humaines, conservent comme un vague souvenir de leur divinité primitive, elles sout invinciblement enirainées vers leur Tout ; elles se cherchent, elles le cherchent. C’est la Divinité elle-même, répandue et perdue dans le monde matériel, qui se cherche dans les hommes, et elle est tellement abrutie par cette multitude de prisons humaines, dans lesquelles elle se trouve parsemée, qu’en se cherchant, elle commet folies sur folies.

Commençant parle fétichisme, elle se cherche et s’a-