Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/92

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mais, et tant qu’il lui restera un souffie, il essaiera d’asservir les hommes à son Dieu ; c’est ainsi que les lieutenants de la Prusse, les idéalistes pratiques de l’Allemagne, voudraient voir écraser le peuple sous la botte éperonnée de leur empereur. C’est la même foi, et le but n’est guère différent. Le résultat de la foi est toujours l’esclavage ; c’est en même temps le triomphe du matérialisme le plus laid et le plus brutal : il n’est pas besoin de le démontrer pour l’Allemagne ; il faudrait être aveugle pour ne le pas voir.

L’homme, comme toute la nature vivante, est un être complètement matériel. L’esprit, la faculté de penser, de recevoir et de réfléchir les différentes sensations extérieures et intérieures, de s’en souvenir alors qu’elles sont passées et de les reproduire par l’imagination, de les comparer et de les distinguer, d’abstraire les déterminations communes et de créer ainsi des notions générales, enfin de former les idées en groupant et en combinant les notions selon des modes différents, l’intelligence en un mot, l’unique créateur de tout notre monde idéal, est une propriété du corps animal et notamment de l’organisme cérébral.

Nous le savons d’une manière certaine, par l’expérience de tous, qu’aucun fait n’a jamais démenti et que tout homme peut vérifier à chaque instant de sa vie. Dans tous les animaux, sans excepter les espèces tout à fait inférieures, nous trouvons un certain degré d’intelligence, et nous voyons que, dans la série des espèces, l’intelligence animale se développe d’autant plus que l’organisation d’une espèce se rapproche de celle de l’homme ; mais que, dans l’homme seul, elle arrive à