Page:Bakounine - Dieu et l’État, 1892.djvu/97

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teurs allemands, en sont une autre. Ils n’ont pas su se défaire de la réligion de l’État.

Une fois le monde surnaturel, le monde divin, bien établi dans l’imagination des peuples, le développement des différents systèmes religieux a suivi son cours naturel et logique, tout en se conformant d’ailleurs au développement contemporain des rapports économiques et politiques, dont il a été en tout temps, dans le monde de la fantaisie religieuse, la reproduction fidèle et la consécration divine. C’est ainsi que la folie callective et historique qui s’appelle religion s’est développée depuis le fétichisme, en passant par tous les degrés, du polythéisme au monothéisme chrétien.

Le second pas dans le développement des croyances religieuses, le plus difficile sans doute, après l’établissement d’un monde divin séparé, ce fut précisément la transition du polythéisme au monothéisme, du matérialisme religieux des païens à la foi spiritualiste des chrétiens. Les dieux païens — et c’est là leur caractère principal — étaient avant tout des dieux exclusivement nationaux. Fort nombreux, ils conservèrent nécessairement un caractère plus ou moins matériel, ou plutôt c’est parce qu’ils étaient matériels qu’ils furent si nombreux, la diversité étant un des attributs principaux du monde réel. Les dieux païens n’étaient pas encore proprement la négation des choses réelles ; ils n’en étaient que l’exagération fantastique.

Nous avons vu combien cette transition coûta au peuple juif, dont elle a constitué pour ainsi dire toute l’histoire. Moïse et les prophètes avaient beau prêcher le Dieu unique, le peuple retombait toujours dansson idolâtrie première, dans la foi antique, beaucoup plus