Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/54

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« Les heures s’écoulèrent ainsi, continue Ruge, et il y avait plutôt excès que manque d’humour et d’entrain à notre soirée. La nuit était déjà très avancée, mais mon aimable Russe me retenait toujours en s’écriant : « Ruge, tu sais, que ce que tu prends sur un seul moment, ne saurait être rendu par l’éternité ! »

« Le lendemain matin, Bakounine partit pour Breslau, en vue de nouer des relations avec les fils de popes qu’il croyait à même de s’inspirer des idées nouvelles et sur lesquels il comptait beaucoup. Dans le temps, Bakounine s’entrainait pour le communisme, comme tant d’autres le faisaient alors, en suivant la mode, même lorsqu’elle repose sur un Credo quia absurdum, comme c’est le cas à présent pour le pessimisme, qui brûle le cerveau, ou pour la doctrine néo-bouddhiste de l’anéantissement… »

Au moment des élections au parlement de Francfort, Bakounine appela Ruge de Leipzig, en l’invitant à venir à Breslau et en lui promettant le succès de sa candidature dans cette ville, et surtout l’appui de son propriétaire, le commerçant St.

Ruge raconte ainsi la situation de Bakounine à Breslau.

« Bakounine avait noué ici de nombreuses relations et il était aimé de tous, à cause de son esprit et de son aimable caractère. Il avait réuni, dans le but qu’il se proposait, beaucoup de Russes autour de lui. Il s’était mis aussi eu rapport avec les Tchèques. On avait décidé que les Slaves tiendraient un congrès à Prague, afin que les différentes nationalités slaves pussent s’entendre ensemble. »