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REINE D’ARBIEUX

ser que son enfant lui était supérieure en tout.

Elle conclut :

— Le mieux serait que Reine fît sa vie le plus tôt possible.

Comme plusieurs personnes de son entourage, Mme  de la Brèche avait remarqué que sa sœur témoignait à Sourbets de la sympathie. « Avec lui, assurait la vieille dame, on serait tranquille ; il était riche, et saurait prendre sur sa femme de l’autorité ; quant à la famille, il ne fallait pas oublier que Reine ne pouvait être difficile. »

Clémence fixait devant elle son regard ferme et intelligent.

Elle dit seulement :

— Ce que je pense de M. Sourbets… mais nous ne le connaissons pas.

La soirée passait. Mme  de la Brèche dodelina de la tête puis s’assoupit. L’abat-jour baissé cachait son visage. Clémence appuya son menton sur ses mains croisées. Elle avait des bras longs et blancs. L’ombre des paupières répandait une mystérieuse douceur sur son visage maladif, aux traits nets et purs, revêtus d’une chair transparente. Quelque chose de diaphane émanait d’elle, une sorte de lueur d’hostie.

Peu à peu, une ombre montait dans ses yeux. Sans rien dire, elle pensait au départ de Régis depuis le matin et en avait beaucoup de peine. Elle l’aimait, le connaissait bien, donnant tout leur prix à ses qualités et excusant, en femme qui a beaucoup souffert, longuement médité, ses fai-