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REINE D’ARBIEUX

abandonnée ou un livre ouvert. Le jardin tremblait dans un soleil blanc. Avec une intime satisfaction, faite de la joie de s’appartenir, après avoir grandi contrainte et réprimandée sous un toit sévère, elle tournait lentement, d’un côté, de l’autre, sa tête charmante. Sa forme souple creusait le filet. Que sa paresse lui était douce ! Ses yeux s’ouvraient, se refermaient. Non, non, elle ne laisserait pas les siens déchirer son repos fragile. Elle avait assez souffert. Elle voulait la paix.


VI


Le déjeuner de « retour de noces » fut enfin fixé au premier dimanche de juin.

Il y avait eu divers délais qui trahirent des tiraillements et des contretemps. Mme  Fondespan alléguait les occupations du jeune ménage. « Sourbets, disait-elle, était surmené. » Mais la voix publique murmurait déjà qu’il avait mauvais caractère. Cette petite Reine n’aurait peut-être pas la vie facile. On plaignait sa tante. Les négociations engagées au sujet de ce déjeuner, et qui durèrent près de quinze jours, faillirent causer une de ces brouilles compliquées et machiavéliques dont la province a le secret et que la susceptibilité des intéressés rend irrémédiables.