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REINE D’ARBIEUX

soigné par l’hôtesse, qui lui réservait dans la salle une petite table près de la fenêtre.

Un matin, dans le bureau de la papeterie, Adrien, solitairement assis devant un secrétaire en acajou, à côté du cartonnier vert et d’une pile de registres, classait le courrier. La porte de la pièce voisine était demeurée ouverte et il prêta l’oreille pour entendre Sourbets parlant à un métayer.

Il s’agissait d’un chien que Germain voulait acheter : une brave bête, dressée à point, qui chas­sait au vent et arrêtait un perdreau à trente pas !

— Combien en voulez-vous ?

— Que Moussu vienne le voir dimanche. Si le chien lui plaît, nous saurons bien nous arranger, disait le finaud. Oh ! je n’en suis pas embarrassé !

Adrien les vit passer dans le couloir, s’arrêter dans la cour où un gamin gardait la carriole ; un veau tendait par-dessus la fourragère sa tête rousse tachée de blanc ; la salive dégouttait de son museau frais.

« Dimanche, » pensait le jeune homme. Un point brillant s’élargit dans ses yeux fuyants, d’un gris froid, que l’on croyait voir suivant les heures bleuâtres ou brun-vert.

La nuque enfoncée dans ses épaules, il réfléchis­sait : le flamboyant juillet touchait à sa fin, et août allait ramener l’ouverture de la chasse, événement capital de l’année pour les Bazadais. Sourbets ne résisterait pas à la tentation de partir chaque dimanche au point du jour pour ne revenir qu’à