Page:Ballanche - Pensées et Fragments, éd. Vulliaud, 1907.djvu/62

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L’hérédité est un droit de convention qui suppose le pacte primitif, et qu’on est censé avoir admis comme une garantie de la stabilité, pour ne pas courir, à chaque règne, les chances d’une révolution. Par conséquent elle est fondée sur l’utilité des peuples. La légitimité suppose le droit divin : elle place les peuples sous la tutelle plus immédiate de la Providence, et les princes sous le haut domaine de Dieu, modérateur de toutes les sociétés humaines. Par conséquent elle est fondée sur un principe religieux et moral.

(Le Vieillard et le Jeune Homme.)


Sitôt qu’une dynastie cesse de représenter la société, sitôt qu’elle cesse d’avoir le sentiment de ce qui est, alors elle ne peut subsister devant la toute-puissance des choses ; alors le fait divin n’existe plus pour elle ; alors sa mission est finie.

(Élégie, éd. 1832.)


Tout pouvoir qui demande à un autre pouvoir d’assigner ses propres limites, se déclare soumis ; il accepte la capitulation dont il n’a pas discuté les conditions, il est vassal.

(Réflex. div, p. 339, éd. 1833.)


Toujours l’opinion a fini par gouverner ; mais autrefois elle avait une puissance lente et séculaire, à présent elle est rapide et presque instantanée : elle se forme quelquefois comme un orage ; et le pilote qui conduit le navire a souvent à peine le temps d’observer à l’horizon le point noir qui doit enfanter la tempête.

(Inst. soc., p. 211, éd. 1818.)


Autrefois il suffisait de gouverner avec l’opinion, à présent il faut gouverner par elle, sous peine de