Page:Balmont - Quelques poèmes, 1916.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

16 PBÉFACE

maîtresse de Balmont, son Œuvre de poète. Cela tien- drait du miracle, si l'on n’est pas prévenu de la sin- gulière disposition d’esprit de Balmont de ne rien voir directement, et si l'on ne découvre pas la qualité exclu- sivement Russe de son âme, qualité que nous attri- buons à l'intensité de ses impressions d’enfance. Bal- mont, en vrai grand lyrique qu’il est, ne voit le monde extérieur qu’à travers sa vision intérieure en même temps intellectuelle et intuitive. Il lit les contrées qu’il visite plus qu’il ne les regarde, il les rêve ensuite. Son érudition acquise par des lectures, n’est pas une érudition savante et pédante : c’est encore une source d’images et de concepts tout personnels, très intérieurs. Voilà pourquoi Balmont est resté poète avant tout, et poète Russe par excellence.

Pour comprendre le rôle de Balmont dans la litté- rature Russe, le lecteur occidental doit se représenter des conditions politiques qui lui sont totalement étran- gères, qui ont créé une vie, un état moral de la société, à peine compréhensibles pour un citoyen de pays de- puis longtemps libres.

Toute la littérature russe s’est naturellement ressen- tie de cette existence sociale particulière.

Digitized by

Google