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PRÉFACE 17

Il sied d’abord de retenir ceci : la liberté de la presse n’a jamais existé en Russie, à aucun moment de son histoire, excepté durant les quelques mois de la révo- lution de 1905.

La discussion de toutes les questions sociales ou po- litiques les plus vitales pour le pays, est interdite, ce- pendant qu’une élite, minime en comparaison de la masse énorme de la population, mais nombreuse dans la classe cultivée, sent la nécessité, considère comme un devoir d’exprimer ses opinions. De là une littéra- ture de prétextes, s’il est permis de s’exprimer ainsi. Le roman, la critique, la poésie même, sont des pré- textes pour avancer une idée politique, sociale ou phi- losophique. La littérature prend un pli de littérature à tendances. Les grands talents percent malgré tout, s’élèvent au-dessus de l’esprit utilitaire pour donner de la beauté, des œuvres d’art. Mais la direction géné- rale persiste, et s’accroît à mesure que les problèmes de la vie sociale. en Russie se compliquent. Il s’ensuit un bien et un mal. S’il est vrai que la littérature russe, par là, reste très près de la vie, exerce une énorme action et monte à une littérature d’idées chez les meil- leurs écrivains, — le mal est, que le Public, habitué à

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