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PRÉFACE 19

soff qui alors connaît une grande renommée, non point grâce à ses dons poétiques, mais parce qu’il mettait le souci de propagande des idées démocratiques très au-dessus des préoccupations d’art. Le « chantre de la misère du peuple » voulait trop souvent son vers habile et sa sensibilité au service d’une cause déter- minée.

Comme nous l’avons dit, au moment où Balmont commence sa carrière littéraire, la réaction gouverne- mentale est à son comble, la censure inexorable, — et les éléments d’opposition sont d’autant âpres à pour- suivre leurs buts : les lettres russes, proprement dites, se trouvent prises dans ce feu de barrage. Le roman- cier Tchékhoff, qui remplaçait la grande triade dont les voix se taisaient, par son pessimisme sans issue détrui- sait les dernières illusions, esquissant d’une main de maître l’avachissement général, en toutes les classes de la société...

C’est dans cette atmosphère de cauchemar terne, morne, que retentit la voix de Balmont : « Soyons comme le Soleil ! »

Cette voix chantait l’exaltation de la Vie. Cette poé-

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