Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/220

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entrevu que la révélation du grand secret qu’il cherchait depuis si long-temps allait lui être faite, il sauta d’un bond prodigieux, appela sa mère, qu’il chargea de garder la boutique, et de dire, si on venait le demander, qu’il était sorti ; puis courant s’enfermer dans sa chambre, pour ne pas être interrompu, il commença la lecture du chapitre qui, dans sa pensée, ne pouvait manquer d’être le plus merveilleux que jamais plume de philosophe eût enfanté.

Ce n’est pas seulement dans les livres, c’est dans toutes les choses de la vie, dans ses amitiés, dans ses espérances dans les prospectus, dans les amours de femme surtout qu’il faut craindre des désappointemens semblables à celui qui attendait Tobias Guarnerius. Le chapitre, dont un instant avant il eût payé la lecture au prix d’une livre de sa chair, était une misérable rapsodie, lardée de citations des Pères de l’église, d’Aristote, de Platon et de l’Écriture. Après force divagations, abstractions et conversations, l’auteur se résumait à cette découverte toute nouvelle, que l’ame était immortelle : sans contredit les vingt pages les plus pauvres de cet immense in-folio étaient comprises sous le titre si magnifique que je vous ai dit.