Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais l’heure de Tobias Guarnerius n’en était pas moins venue ; étreignant avec une singulière puissance les trois mots qui tout à coup lui étaient apparus, pour en faire jaillir un sens logique aux entrevisions qu’il avait eues précédemment, il commença à se représenter l’ame humaine comme une substance locomobile, transportable, avec sa puissance d’animation, d’un lieu dans un autre. En Allemagne, où il y a de la philosophie dans l’air, un artisan, tout aussi bien qu’en France un prix d’honneur de rhétorique, avait entendu parler de la métempsycose ; et ce système, pour peu que l’on pesât dessus, pouvait bien s’élargir jusqu’à admettre la donnée du philosophe luthier. Trois heures de réflexions passant par-dessus cette illumination achevèrent de lui donner dans l’esprit de Tobias une créance indélébile, et désormais il ne s’occupa plus que du procédé matériel à l’aide duquel il appliquerait à son art le bénéfice de sa découverte psycologique.

A trois mois de là, c’était durant la nuit, la veille de la Saint-Joseph, depuis long-temps une heure était