Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/241

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plus vite, il monta dans un fiacre, en sorte qu’il arriva à son logement un quart d’heure après son départ pour l’Italie, où le signor Ballondini allait encore donner des concerts. Tobias Guarnerius le suivit.

On ne finirait pas si on voulait raconter tous les lieux et toutes les mains par lesquelles passa le fatal violon. Jamais les nerfs les plus robustes ne purent le garder au-delà de quinze jours ; et cependant, aussitôt qu’un acquéreur songeait à s’en défaire, un autre se trouvait pour lui succéder, sans que l’instrument perdit de son prix. Pendant plus de deux ans, le malheureux Tobias le poursuivit en Italie, en Angleterre, aux Indes orientales où il passa, en Espagne, et enfin en Allemagne, où il revint, en traversant de nouveau la France.

Après des fatigues inouïes, Tobias Guarnerius arriva à Leipzig, où il avait appris qu’un riche libraire en était détenteur. Cette fois il ne venait pas trop tard, et l’instrument était bien entre les mains de l’homme qu’on lui avait indiqué. Mais, depuis le temps qu’il voyageait, quelque rigoureuse économie qu’il eût mise dans ses dépenses, il n’en avait pas moins épuisé sa bourse, et au moment de traiter d’un objet dont le cours s’était