Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/90

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naît les routes, les sentiers, les habitans. Il est d’une bravoure exemplaire ; mais c’est bien le plus malicieux animal que j’aie jamais connu. S’il ne brûle pas les paysans dans leurs villages, il faudra qu’il soit dans ses bons jours…

Le colonel s’éloigna en voyant un officier venir à nous.

Je fus assez embarrassé de ma personne en me trouvant seul. Je pensai qu’il n’était pas convenable que j’allasse voir Rusca au cercle ; et, alors, je revins à l’aide-de-camp, qui était toujours resté immobile sur le seuil de la porte, occupé à fumer son cigare. J’avais toujours rencontré son regard, quand je jetais par hasard les yeux sur lui en causant avec le colonel ; et, quoique ce regard me parût aussi railleur que perfide, je le priai d’annoncer à son général ma visite pour la fin de la soirée, objectant la nécessité dans laquelle j’étais de prendre quelque chose ; car je n’avais rien mangé depuis le matin… mais un officier n’est pas aussi heureux que la mule du pape ; en campagne, il n’a pas d’heures pour ses repas ; il se nourrit comme il peut, et quelquefois pas du tout. Au moment où j’allais retourner à mon logement, j’entendis une grande