Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Scène IX.

VAUTRIN, LAFOURAILLE.
LAFOURAILLE.

Monsieur Vautrin !

VAUTRIN.

Eh bien !

LAFOURAILLE.

Vous le laissez aller ?

VAUTRIN.

S’il ne se croyait pas libre, que pourrions-nous savoir ? Mes instructions sont données : on va lui apprendre à ne pas mettre de cordes chez les gens à pendre. Quand Philosophe me rapportera les pièces que cet homme doit lui remettre, on me les donnera partout où je serai.

LAFOURAILLE.

Mais après, le laisserez-vous en vie ?

VAUTRIN.

Vous êtes toujours un peu trop vifs, mes mignons ne savez-vous donc pas combien les morts inquiètent les vivants ? Chut ! j’entends Raoul… laisse-nous.


Scène X.

VAUTRIN, RAOUL DE FRESCAS.
Vautrin rentre vers la fin du monologue : Raoul, qui est sur devant de la scène, ne le voit pas.
RAOUL.

Avoir entrevu le ciel et rester sur la terre, voilà mon histoire ! je suis perdu : Vautrin, ce génie à la fois infernal et bienfaisant, cet homme, qui sait tout et qui semble tout pouvoir, cet homme, si dur pour les autres et si bon pour moi, cet homme qui ne s’explique que par la féerie, cette providence, je puis dire maternelle, n’est pas, après tout, la providence. (Vautrin paraît avec une perruque noire, simple, un habit bleu, pantalon de couleur grisâtre, gilet ordinaire, noir, la tenue d’un agent de change.) Oh je connaissais l’amour ; mais je ne savais pas