Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 13.djvu/372

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le nom que l’on donne à cette partie des cérémonies funèbres.

Le militaire aperçut alors, sur le revers occidental du pic, les bâtiments d’une ferme considérable qui forment un carré parfait. Le portail cintré, tout en granit, a un caractère de grandeur que rehaussent encore la vétusté de cette construction, l’antiquité des arbres qui l’accompagnent, et les plantes qui croissent sur ses arêtes. Le corps de logis est au fond de la cour, de chaque côté de laquelle se trouvent les granges, les bergeries, les écuries, les étables, les remises, et au milieu la grande mare où pourrissent les fumiers. Cette cour, dont l’aspect est ordinairement si animé dans les fermes riches et populeuses, était en ce moment silencieuse et morne. La porte de la basse-cour étant close, les animaux restaient dans leur enceinte, d’où leurs cris s’entendaient à peine. Les étables, les écuries, tout était soigneusement fermé. Le chemin qui menait à l’habitation avait été nettoyé. Cet ordre parfait où régnait habituellement le désordre, ce manque de mouvement et ce silence dans un endroit si bruyant, le calme de la montagne, l’ombre projetée par la cime du pic, tout contribuait à frapper l’âme. Quelque habitué que fût Genestas aux impressions fortes, il ne put s’empêcher de tressaillir en voyant une douzaine d’hommes et de femmes en pleurs, rangés en dehors de la porte de la grande salle, et qui tous s’écrièrent : Le maitre, est mort ! avec une effrayante unanimité d’intonation et à deux reprises différentes, pendant le temps qu’il mit à venir du portail au logement du fermier. Ce cri fini, des gémissements partirent de l’intérieur, et la voix d’une femme se fit entendre par les croisées.

— Je n’ose pas aller me mêler à cette douleur, dit Genestas à Benassis.

— Je viens toujours, répondit le médecin, visiter les familles affligées par la mort, soit pour voir s’il n’est pas arrivé quelque accident causé par la douleur, soit pour vérifier le décès ; vous pouvez m’accompagner sans scrupule ; d’ailleurs la scène est si imposante, et nous allons trouver tant de monde, que vous ne serez pas remarqué.

En suivant le médecin, Genestas vit en effet la première pièce pleine de parents. Tous deux traversèrent cette assemblée, et se placèrent près de la porte d’une chambre à coucher attenant à la grande salle qui servait de cuisine et de lieu de réunion à toute la famille, il faudrait dire la colonie, car la longueur de la table in-