Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 13.djvu/615

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mort, il la protège encore, dit une dame en apprenant ces dernières révélations si habilement rendues inutiles. — Il y a peut-être dans Limoges un mari qui trouvera chez lui un foulard de moins, mais il sera forcé de se taire, dit en souriant le Procureur-général. — Les erreurs de toilette deviennent si compromettantes que je vais vérifier dès ce soir ma garde-robe, dit en souriant la vieille madame Perret. — Quels sont les jolis petits pieds dont la trace a été si bien effacée ? demanda monsieur de Grandville. — Bah ! peut-être ceux d’une femme laide, répondit le général. — Elle a payé chèrement sa faute, reprit l’abbé de Grancour. — Savez-vous ce que prouve cette affaire, s’écria l’Avocat-général. Elle montre tout ce que les femmes ont perdu à la Révolution qui a confondu les rangs sociaux. De pareilles passions ne se rencontrent plus que chez les hommes qui voient une énorme distance entre eux et leurs maîtresses. — Vous donnez à l’amour bien des vanités, répondit l’abbé Dutheil. — Que pense madame Graslin ? dit le préfet. — Et que voulez-vous qu’elle pense, elle est accouchée, comme elle me l’avait dit, pendant l’exécution, et n’a vu personne depuis, car elle est dangereusement malade », dit monsieur de Grandville.

Dans un autre salon de Limoges, il se passait une scène presque comique. Les amis des des Vanneaux venaient les féliciter sur la restitution de leur héritage « — Eh ! bien, on aurait dû faire grâce à ce pauvre homme, disait madame des Vanneaulx. L’amour et non l’intérêt l’avait conduit là : il n’était ni vicieux ni méchant. — Il a été plein de délicatesse, dit le sieur des Vanneaulx, et si je savais où est sa famille, je les obligerais. C’est de braves gens ces Tascheron. »

Quand, après la longue maladie qui suivit ses couches et qui la força de rester dans une retraite absolue et au lit, madame Graslin put se lever, vers la fin de l’année 1829, elle entendit alors parler à son mari d’une affaire assez considérable qu’il voulait conclure. La maison de Navarreins songeait à vendre la forêt de Montégnac et les domaines incultes qu’elle possédait à l’entour. Graslin n’avait pas encore exécuté la clause de son contrat de mariage, par lequel il était tenu de placer la dot de sa femme en terres, il avait préféré faire valoir la somme en banque et l’avait déjà doublée. À ce sujet, Véronique parut se souvenir du nom de Montégnac, et pria son mari de faire honneur à cet engagement en acquérant cette terre pour elle. Monsieur Graslin désira