Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 14.djvu/360

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toutes les joies de la famille, dans les voluptés du cœur ; car, Pépita, j’en ai besoin, j’en ai soif !

— Tu me diras ce que tu cherches, Balthazar ?

— Mais, pauvre enfant, tu n’y comprendrais rien.

— Tu crois ?… Hé ! mon ami, -Voici près de quatre mois que j’étudie la chimie pour pouvoir en causer avec toi. J’ai lu Fourcroy, Lavoisier, Chaptal, Nollet, Rouelle, Berthollet, Gay-Lussac, Spallanzani, Leuwenhoëk, Galvani, Volta, enfin tous les livres relatifs à la Science que tu adores. Va, tu peux me dire tes secrets.

— Oh ! tu es un ange, s’écria Balthazar en tombant aux genoux de sa femme et versant des pleurs d’attendrissement qui la firent tressaillir, nous nous comprendrons en tout !

— Ah ! dit-elle, je me jetterais dans le feu de l’enfer qui attise tes fourneaux pour entendre ce mot de ta bouche et pour te voir ainsi. » En entendant le pas de sa fille dans l’antichambre, elle s’y élança vivement. « Que voulez-vous, Marguerite ? dit-elle à sa fille aînée.

— Ma chère mère, M. Pierquin vient d’arriver.

S’il reste à dîner, il faudrait du linge, et vous avez oublié d’en donner ce matin. »

Mme Claës tira de sa poche un trousseau de petites clefs et les remit à sa fille, en lui désignant les armoires en bois des îles qui tapissaient cette antichambre, et lui dit : « Ma fille, prenez à droite dans les services Graindorge. » « Puisque mon cher Balthazar me revient aujourd’hui, rends-le-moi tout entier ? dit-elle en rentrant et donnant à sa physionomie une expression de douce malice. Mon ami, va chez toi, fais-moi la grâce de t’habiller, nous avons Pierquin à dîner. Voyons, quitte ces habits déchirés. Tiens, vois ces taches ? N’est-ce pas de l’acide muriatique ou sulfurique qui a bordé de jaune tous ces trous ?

Allons, rajeunis-toi, je vais renvoyer Mulquinier quand j’aurai changé de robe. » Balthazar voulut passer dans sa chambre par la porte de communication, mais il avait oublié qu’elle était fermée de son côté. Il sortit par l’antichambre.

« Marguerite, mets le linge sur un fauteuil, et viens m’habiller, je ne veux pas de Martha », dit Mme Claës en appelant sa fille.

Balthazar avait pris Marguerite, l’avait tournée vers lui par un mouvement joyeux en lui disant :

« Bonjour, mon enfant, tu es