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Page:Balzac - La Famille Beauvisage.djvu/53

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» Ne pas faire la déclaration du vol lorsqu’il était connu de tous les gens de la maison, c’était chose impossible, et pourtant je n’ai aucune ardeur à voir la justice s’entremettre dans tout ceci, et dans le doute je n’ai point parlé de la cassette dont à toute force j’ai pu ne pas savoir la soustraction, vu l’endroit retiré où je la tenais toujours abritée.

» Par cet aperçu de la situation, vous voyez, cher monsieur, à quel point je dois avoir empressement de vous voir ici, pour que nous puissions conférer ensemble d’une marche à suivre. Vous me gronderez bien, et vous en aurez le droit, car ce secret de votre naissance, couvé avec tant de soin depuis si longtemps, le voilà maintenant à vau-l’eau, et avec un peu plus de défiance je pouvais éviter le piège dans lequel je suis tombé. Il faut dire pourtant que bien d’autres y eussent été pris comme moi, car j’ai eu affaire à des comédiens d’une habileté rare, et qui ont profité de ma prétention d’être un intendant modèle.

» Je vous écris la tête encore lourde et embarrassée du narcotique qu’ils m’ont fait prendre à une dose énorme, et, sans des vomissements qui sont survenus, je ne sais si j’eusse résisté. Partez sans aucun délai, car ce n’est pas trop de nos deux intelligences pour nous démêler dans cette terrible passe, laquelle peut cependant n’être qu’un malheur courant, surtout si l’on manœuvre avec habileté.

» Vous savez, cher monsieur, tout ce que je vous suis.

» Votre désolé et affectionné,

 » Jacques Bricheteau. »


V

OÙ TOUT SE PRÉPARE POUR DE GRANDES RÉVÉLATIONS


À son arrivée, Sallenauve trouva le chalet envahi par une descente de justice qui avait lieu justement ce jour-là.

Le procureur du roi de Versailles, le capitaine de gen-