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Page:Balzac - La Famille Beauvisage.djvu/64

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— Non, dit Sallenauve, j’ai une visite à faire en quelqu’endroit ; mais, à onze heures, si vous le trouvez bon, je puis être rendu chez vous.

— À onze heures, soit ; je vous attendrai dans mon cabinet.

Cela dit, Sallenauve s’esquiva, et l’on peut s’imaginer ce qui pouvait se passer dans son esprit ; des choses graves à lui communiquer, des pièces qui ne se pouvaient point déplacer ; tout cela venait si bien se relier aux appréhensions manifestées par Bricheteau, que, s’il lui eût fallu passer la nuit sur cette ouverture, il y avait de quoi en devenir fou.


VI

ET FACTA EST LUX


Un peu avant onze heures, la voiture de Rastignac le jetait sur le perron de son hôtel. Comme plusieurs autres voitures stationnaient dans la cour, en passant par le salon d’attente dont était précédé son cabinet :

— Savez-vous, dit le ministre à son huissier, qui il y a chez madame.

— Il y a, je crois, madame la baronne de Nucingen, M. Deslupeaulx, M. de la Roche-Hugon, et M. et madame Franchessini.

— J’attends un député, M. de Sallenauve, dit ensuite Rastignac ; après lui, vous ne laisserez entrer qui que ce soit.

— Alors, dit l’huissier, monsieur le ministre désire que je reste jusqu’après le départ de la personne qui doit venir ?

— Oui, dit Rastignac, je ne vous renvoie pas ce soir ; il est possible que j’aie besoin de vous. M. de Restaud, ajouta-t-il, est-il chez lui ?

— Oui, monsieur le ministre, il vient de rentrer.