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— Une chance de salut lui restait, reprit Rastignac ; quand il apprit que Catherine partait pour Paris, rien ne put retenir Jacques Bricheteau à Arcis…

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À ce moment, le bruit d’une vive altercation qui avait lieu dans la salle des huissiers parvint jusqu’aux oreilles des deux interlocuteurs ; il sembla à Rastignac qu’il reconnaissait la voix de Delphine Nucingen, sa belle-mère. Il alla donc à la porte de son cabinet pour avoir l’explication de tout ce tapage.

Cette porte à peine ouverte, madame de Nucingen se précipita en s’écriant :

— Il est inconcevable que la belle-mère d’un ministre, chez ce ministre même, soit exposée à de pareils affronts.

Le lecteur a compris qu’il s’agissait tout simplement d’un huissier exécutant religieusement sa consigne. Les anciennes jeunes femmes et les parvenues comme Delphine Nucingen, née Goriot, appellent cela leur faire un affront.


VII

INTERRUPTION ET SUITE


En voyant entrer madame de Nucingen, Sallenauve s’était levé, et, se dirigeant vers la porte, il avait dit à Rastignac :

— J’aurai l’honneur de vous revoir demain.

— Pas du tout, dit Rastignac en le retenant, je n’ai qu’un mot à dire à madame.

Un peu honteuse de la violence dans laquelle elle était surprise, la baronne se laissa conduire sur un canapé, où le ministre s’assit auprès d’elle. La pièce était assez grande ; Sallenauve ayant, d’ailleurs, le soin de se tenir à distance, pour que rien ne fût entendu de ce qui s’allait dire entre la belle-mère et le gendre :

— Enfin, qu’y a-t-il de si pressant, demanda Rasti-