Page:Balzac - Pensées, sujets, fragments, éd. Crépet, 1910.djvu/15

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transport datant du dernier voyage en Allemagne (mai 1850). Et j’inclinerais d’autant plus à cette conjecture qu’il ne figure pas dans le catalogue de la vente des livres et manuscrits provenant de la succession de Mme de Balzac. Cependant, il sied de l’observer : M. Clément-Simon tenait cette pièce de M. Chasles, libraire-expert, celui-là même qui venait de diriger ladite vente. On pourrait donc admettre aussi bien l’hypothèse d’une cession de gré à gré consentie à M. Chasles par les ayants droit de la veuve.

Quoi qu’il en soit, c’est entre les mains de M. Clément-Simon, à Tulle, où il s’était fixé depuis de longues années, que je vis, au cours d’un voyage, ce très curieux manuscrit. On n’est pas sans connaître quelques-uns des travaux de M. Clément-Simon. Il était de ces chercheurs patients, de ces monographes passionnés qui savent arracher leurs secrets aux papiers les plus obscurs, et sans lesquels l’histoire provinciale ne serait encore aujourd’hui que ce qu’elle fut jusqu’à ce siècle : une fable dont le talent de l’auteur faisait tout le prix. M. Clément-Simon m’entretint avec enthousiasme de son trésor. Pendant quatre ans, aidé du vicomte de Spoelberch, il en avait déchiffré les hiéroglyphes et reconstitué le texte. Et il portait dans sa tète, quasi écrite, la préface qu’il fallait pour y jeter la lumière à flots. D’ailleurs, voilà une dizaine d’années, l’album avait dû paraître : déjà les caractères en étaient choisis, les fac-similés tirés. Mais des contretemps avaient surgi, des tristesses : l’éditeuren question était mort, et M. de Spoelberch. Et lui-même, à cette heure, M. Gustave Clément-Simon, chargé de quelque quinze lustres, après l’effort que venaient de lui coûter les Mémoires de la comtesse de Valon, se sentait bien las

Je l’adjurai de ne pas différer davantage une publication