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pensées, sujets, fragmens

Il y a beaucoup de gens qui ont si peu d’idées que, pour faire croire à une masse, ils les font repasser plusieurs fois devant vous, comme au théâtre les comparses repassent d’une coulisse à l’autre pour simuler une armée.

Il y a bien plus de crimes dans la haute société que dans la basse. Les gens sans éducation vont à l’échafaud pour avoir volé une pendule avec les cinq circonstances du code. L’homme comme il faut brûle un testament[1].

C’est le remords qui rend un homme atroce. Un homme qui ne se repent pas, c’est un système ou une organisation qui nous émeuvent et quelquefois nous imposent[2].

L’espace, l’obscurité, la terreur, trois grandes sources de poésie.

  1. La peau de chagrin, 46 : « L’instruction, belle niaiserie !… Pour les uns, l’instruction consiste à savoir les noms du cheval d’Alexandre, du dogue Bécerillo, du seigneur des Accords et d’ignorer celui de l’homme auquel nous devons le flottage des bois ou la porcelaine. Pour les autres, être instruit, c’est savoir brûler un testament et vivre en honnêtes gens, aimés, considérés, au lieu de voler une montre en récidive avec les cinq circonstances aggravantes, et d’aller mourir en place de Grève, haïs et déshonorés. »
  2. Ibid., 44 : « L’homme qui a des remords est le vrai scélérat, car il a quelque idée de la vertu, tandis que Pierre le Grand, le duc d’Albe étaient des systèmes, et le corsaire Monbard une organisation ».