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pensées, sujets, fragmens

L’avare est une éponge que presse la mort et dont les héritiers recueillent l’eau[1].

Ce sont les marches qui tuent les soldats et les courtisans[2].

Ceux qui sont contents d’eux-mêmes ont bien mauvais goût.

Que préférez-vous, craindre ou espérer ? Espérer, soyez pauvre.

Heureux celui qui n’a jamais été heureux.

L’avarice croît et se nourrit de ce qui tue l’amour : la possession[3].

L’amour est plutôt une manière de varier le plai-

    souffrances sans qu’il me fût permis de dire : « J’aime » ou « Je meurs ».

  1. Gobseck (1830), III, 489 : « Vous faites une éponge de moi, mordieu ! et vous m’encouragez à me gonfler au milieu du monde, pour me presser dans les moments de crise ; mais vous êtes aussi des éponges, et la mort vous pressera. »
  2. Aphorisme d’Oxenstiern, cité par Balzac dans sa Théorie de la Démarche (1833) XX, 567, avec cette variante : C’est les marches qui usent les soldats et les courtisans.
  3. En marge de la main de Mme Hanska : « Effroyable arrêt. » — L’École des ménages (1839) : « On tue l’amour par ce qui fait durer l’avarice, la possession. »