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ÉSOPE

Et ne désire pas que le Roi lui pardonne.

(Tirant des tablettes de son sein).

On a trouvé sur lui ces tablettes.

Crésus

On a trouvé sur lui ces tablettes. Ah ! donne-
Les.

(Sophion donne les tablettes au Roi qui les lit avec une violente émotion).
(À Rhodope.)

Les. Oh ! je vois cela de mes yeux ! Oui, mes deux
Ministres, Cydias, Orétès ! — cœurs hideux !
Cœurs vils ! Oui, comme des marchands font leur commerce
Ils ont vendu ma chair et mon sang à la Perse,
Et pour m’avoir livré, moi ! ces bouchers sanglants,
Vont recevoir chacun — c’est écrit — dix talents !

(Montrant de nouveau les tablettes).

C’est là ! — Mais je ferai dévorer leurs mains viles
Par les chiens vagabonds qui passent dans mes villes !

Rhodope

Ainsi, les voilà pris dans leurs complots honteux.
Qui donc calomniait Ésope ? Ce sont eux,
Ces tigres affublés d’une figure humaine !
Mais, Roi, tu vois bien qu’il est innocent !

Crésus, à Sophion.

Mais, Roi, tu vois bien qu’il est innocent ! Amène
L’homme.

(Sophion sort).

L’homme. Ô destin farouche ! Ô douloureux ennuis !

(Sophion rentre, amenant Saroulkha. D’un geste, Crésus ordonne à Sophion de sortir).