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Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/308

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le baiser

Pierrot.

Entends-tu ? C’est le bruit du vent aérien.

Les Fées.

C’est nous, les infidèles !
Clair essaim voltigeant,
Doux bruits de voix et d’ailes
Sur le flot d’argent !

Urgèle.

Oh ! leur chant !

Pierrot, Pierrot, impatient.

Oh ! leur chant ! C’est la voix des brises étouffées
Qui passe.

Il veut entraîner Urgèle, qui résiste.
Urgèle.

Qui passe. Non, ce sont mes sœurs, les blanches Fées,
Qui m’appellent au loin, dans les rayons de feu.

Les Fées.

L’étang rêveur se moire
Au milieu des roseaux.
Viens-t’en, nous irons boire
Avec les oiseaux !

Urgèle, qui, vivement, donne un baiser à Pierrot, et s’enfuit.

Tiens ! voilà ton baiser ! Je te le rends. Adieu.