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Page:Banville - Œuvres, Les Exilés, 1890.djvu/219

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LES EXILÉS

Puis Héphaistos, qui sait, ingénieux artiste,
Sertir la chrysolithe en flamme et l’améthyste ;
Puis Arès effrayant, pour la Justice armé,
Qui sans repos s’élance au combat enflammé,
Arès au cœur d’airain qui combat pour la Règle,
Et dont le casque noir a les ailes d’un aigle.
Eux et mille autres Dieux armés, beaux, rayonnants,
Fils des Titans, guerriers au haut des cieux tonnants,
Je les vis, et près d’eux, sereines dans leurs belles
Demeures, je vis les Déesses immortelles !
Je vis Héré ; je vis, portant sur son manteau
Les plaines, Déméter ; puis Koré, puis Lèto,
Puis Athéné dont l’œil bleu, brillant de courage,
Ressemble à la clarté du ciel après l’orage ;
La belle Dioné, Thétis, puis Artémis,
La Reine au fuseau d’or, plus blanche que les lys
Et que l’Œta couvert de neige et que les cygnes,
Qui parcourt sur son char Claros féconde en vignes
Et la fertile Imbros ; puis encor des milliers
D’autres Déesses, qui sur les bleus escaliers
Triomphaient. Leurs beaux fronts parfois touchaient aux frises
Du grand palais d’azur, et je les vis, assises
Dans leur gloire sur leurs trônes d’or, ou debout,
Reines de clarté, dans la clarté. Mais surtout
Je la vis, celle dont la mer avec ses îles
Riantes réfléchit les doux regards mobiles,
Celle dont la prunelle est noire, et dont le corps
Harmonieux, rhythmé comme les purs accords