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LES EXILÉS


Ou, quand sous les ombrages,
Paresseuse, tu nages,
Sans déranger les flots,
Près des îlots,

Mon rêve idéalise
Ta fraîche mignardise
En cent déguisements
Toujours charmants !

La nature discrète
Et merveilleuse prête
À mes illusions
Ses visions.

Les bocages des rives
Où des ailes furtives
Voltigent par milliers,
Les peupliers

Et la noire broussaille,
Tout s’anime et tressaille
D’un invincible émoi ;
Et devant moi

Un essaim d’amazones
Aux brillantes couronnes
Passent sur le gazon
En floraison.