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LES EXILÉS


C’est Diane ingénue
Livrant sa gorge nue
Aux caresses des airs,
Dans les déserts ;

C’est la grave Cybèle,
Comme un troupeau qui bêle,
Conduisant sans courroux
Ses lions roux ;

C’est l’ange Cythérée
Dans la mer azurée
Appuyant ses pieds fins
Sur les dauphins ;

C’est Ariane heureuse
Dans sa coupe amoureuse
Tordant, par un beau soir,
Le raisin noir ;

C’est l’arrogante Omphale,
En robe triomphale,
Énervant un héros
Sur ses carreaux ;

C’est Léda qui s’indigne
Sous le baiser du cygne
Et le cherche à son tour
Folle d’amour ;