Page:Banville - Les Belles Poupées, 1888.djvu/139

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le dire, lorsqu’il s’agit de parler d’amour, Guy est plein d’élégance et d’ingéniosité, gracieux comme une femme, et d’une habileté en quelque sorte professionnelle. Mais ces raccommodements, qui toujours furent séparés par de longs intervalles, sont devenus à présent de plus en plus rares, et il m’est effroyablement facile de les compter.

— Ah ! ma chère Louise, dit madame Marie de Cherfix, qui rougit de plaisir, pardonne-moi si je fais tomber de tes yeux des écailles ; mais, par ton discours même et par ton triste récit, je comprends à quel point je suis heureuse ! Un seul mot te le dira ; tu parles du seul bien qui te reste, des raccommodements inespérés et lointains. Eh bien ! comprends mon bonheur ! Mon mari et moi, nous ne nous sommes jamais querellés, nous ne nous querellons jamais et à aucun titre ; mais nous nous raccommodons tous les jours !

— Sans exception ? demanda vivement madame de Latil.

— Sans aucune exception, dit madame de Cherfix, et, au contraire, avec d’adorables répétitions, qui ressemblent au retour, toujours attendu et pourtant délicieusement imprévu, des rimes dans un poème. Tel est mon mari.

— Et, dit la comtesse de Latil, à qui son