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Page:Banville - Petit Traité de poésie française, 1881.djvu/277

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Après ce grand homme, écoute La Bruyère :

« Il n’a manqué à Térence que d’être moins froid ; quelle pureté, quelle exactitude, quelle politesse, quelle élégance et quels caractères ! Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon et le barbarisme et d’écrire purement ; quel feu, quelle naïveté, quelle source de la bonne plaisanterie, quelle imitation des mœurs, quelles images et quel fléau du ridicule ! mais quel homme on aurait pu faire avec ces deux comiques ! »

La Bruyère. Des Ouvrages de l’esprit. Les Caractères, ou les Mœurs de ce siècle.


Dans les notes de sa belle édition de La Bruyère, publiée par Alphonse Lemerre (1871), un de nos critiques les plus érudits et les plus sagaces, M. Charles Asselineau, dit : « Ce jugement sur Molière a scandalisé beaucoup de gens qui n’admettent pas les restrictions quand il s’agit des écrivains consacrés. Des esprits conciliants, pour relever La Bruyère de l’anathème, ont essayé de prouver que ces mots de « jargon » et de « barbarisme » ne s’appliquaient dans les œuvres de Molière qu’au langage patoisé ou bar-

    cédés d’une Introduction par M. Silvestre de Sacy, de l’Académie française. Paris, Léon Techener, libraire, 52, rue de l’Arbre-Sec. — 1870.