Page:Banville - Socrate et sa Femme, 1886.djvu/34

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Xantippe, voulant se dégager.

Socrate, laisse-moi ! quoi ! je ne pourrai pas
La mordre !

Socrate, tranquillement.

La mordre ! Non.

Xantippe.

La mordre ! Non. Ami, laisse-moi faire un pas !

Socrate.

Non certes.

Xantippe, regardant Myrrhine avec des yeux ardents.

Non certes. Qu’à mon tour je l’embrasse ! Ah ! l’indigne,
Voyez-la qui se penche, avec son cou de cygne !
Ce cou charmant, je veux le tordre !

Socrate.

Ce cou charmant, je veux le tordre ! Écoute-nous,
Xantippe.

Xantippe.

Xantippe. Non, je veux la mettre à deux genoux
Là, devant moi, plonger mes deux mains dans l’or fauve
De cette chevelure, et la rendre plus chauve
Que son amant, le beau Socrate !
Que son amant, le beau Socrate ! Exaspérée et faisant un suprême effort.
Que son amant, le beau Socrate ! Allons ! pourquoi
Me retenir ? Je veux…

Socrate.

Me retenir ? Je veux… Xantippe, calme-toi.

Xantippe, que sa rage étouffe.

Je veux… Je veux… le sang inonde ma poitrine…
Et j’étouffe… Je meurs… De l’air !… De l’air !…

Elle tombe sur le lit de repos, pâle et inanimée.