Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/178

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à peine se soutenir. Une agitation fébrile, analogue à celle du délire, se manifesta soudainement en lui. Il jeta des regards effarés sur le paysage. Devant les yeux se déroulait une plaine aride, légèrement ondulée, sans arbres, sans végétation d’aucune sorte. A l’horizon, s’étendait la mer dont la surface présentait une série infinie de losanges alternativement sombres et lumineux. Le murmure confus, monotone des vagues, remplissait l’âme de tristesse. Un vent glacial, un ciel gris, traversé au couchant de quelques bandes d’un rouge sinistre, achevaient de faire de cet endroit l’un des plus affreux et des plus désolants qu’on pût imaginer. Clément en fit la remarque. Il ajouta en portant la main à ses yeux avec émotion :

« Voilà, monsieur, l’image de ma vie : l’aridité, l’horreur, le désespoir. »

Peu après, il reprit d’un air égaré :

« N’entendez-vous rien ? Il me semble que des voix appellent. »

Le bruissement de la mer pouvait en effet produire cette illusion.

Clément fit encore quelques pas et dit :

« Asseyons-nous, monsieur, je me trouve mal. »

Il n’était pas assis depuis quelques secondes, qu’il se dressa d’un bond.

« Allons-nous-en ! » s’écria-t-il.

Ses forces le trahirent, il s’arrêta.